Home SportCR course Compte rendu : 70.3 Zell Am See (Autriche)

Compte rendu : 70.3 Zell Am See (Autriche)

by Gwenaëlle
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Hello, aujourd’hui je vous retrouve pour vous partager mon aventure du Half Ironman Zell Am See en Autriche ! Avant toute chose, pourquoi cette destination ?? Il faut que je vous raconte la petite histoire ! En 2019, je m’étais inscrite au Half Ironman de Marrakech, et mon amie Ariane m’avait accompagné là-bas. On avait passé une très belle semaine de vacances ensemble, même si pour le coup ce n’est pas forcément la destination qu’elle aurait choisi de son côté… Alors pour lui rendre la pareille, on s’était dit que ce serait elle qui choisirait la destination de mon prochain triathlon 70.3. Ni une, ni deux, son choix s’est porté pour un pays plus nordique – où clairement je ne risquais pas qu’il refasse 35° en plein run… 😁 Mon inscription s’était faite en 2020, mais bien entendu avec la crise du Covid, je n’ai pu prendre le départ de cette course qu’un an après (soit 2 ans après la prise du dossard…)

Plus qu’une course, ce projet en Autriche s’est transformé en véritable roadtrip de presque 3 semaines où nous avons sillonné tout un tas de pays (France, Suisse, Autriche, Hongry, Slovénie, Italie…) J’en garde un souvenir absolument merveilleux, mais ce n’est pas l’objet de ce post 😉 Aujourd’hui on va se consacrer à la course.

Après 2,5 jours de voiture et 1500km parcourus, nous voici arrivées à Zell Am See le 28 août 2021, la veille de la course :
📍 Jeudi : Bordeaux > Thonon-les-Bains
📍 Vendredi : Thonon-les-Bains > Innsbruck
📍 Samedi : Innsbruck > Zell Am See

La météo n’est malheureusement pas avec nous, on a droit à une très forte dépression tout le week-end, avec des températures qui vont avoisiner les 10° et de la pluie sans cesse 😳 (euh j’avais pas signé pour le Norseman moi à la base 😅) Plus les jours/heures avançaient, plus la météo s’est dégradée, et je commence à sacrément douter de mon équipement… Ouf il y a un Intersport juste en face de la ligne d’arrivée, j’en profite pour m’acheter un tour de cou en mérinos pour renforcer l’équipement.

Allez, on essaie de garder le moral, direction le Centre des Congrès Porsche pour récupérer le dossard ! On a droit à une petite éclaircie, et le lieu est juste sublime… Pas étonnant que le slogan de la course soit « Race in a Fairytale« .

Après ça, comme il nous reste encore un peu de temps, on reprend la voiture et on part faire une petite reco du parcours, notamment du col qui me fait extrêmement peu, avec sa fin à 13-15%… À 2km du sommet, je vois qu’il y a l’herbe sur les côtés, je dis « si j’ai plus de jambes, je me jette dans l’herbe sur le côté, ça amortira la chute ». Puis je vois un panneau « 500m to the top », et un autre « DNF is not an option », j’essaie de visualiser ma course et d’emmagasiner toute cette énergie. Ensuite la descente est assez abrupte et sinueuse, mais je suis rassurée de voir qu’ils ont mis des panneaux en mousse dans les virages, au cas où quelqu’un fasse un tout droit.

Samedi soir : bon, cette fois on y est vraiment 😳 Deux ans que j’attends cette course, mais je sais que ça ne va pas être une mince affaire. Beaucoup d’incertitudes… Le parcours vélo est assez difficile, car il y a une montée de col, et je n’ai pas beaucoup d’expériences en la matière. Ma seule tentative de montée de col au Tourmalet a été un échec, je ne sais toujours pas si mes petites jambes vont y arriver. Niveau vélo j’ai fait mon possible pour mettre toutes les chances de mon côté : j’ai fait monter une cassette 11-34 (sur un pédalier d’origine 52-36).

Jour J c’est parti !

Il est 8h, je me réveille tout doucement. Le départ de la course n’est qu’à 11h10, c’est bien la 1ère fois qu’un half ironman commence aussi tard, mais on est en pleine montagne et il faut attendre que le brouillard matinal se dissipe et que le thermomètre grimpe un peu.

L’avantage : j’ai pu faire une bonne nuit de sommeil. C’est mon heure habituelle de petit déjeuner donc j’arrive à plutôt bien m’alimenter même si le stress me noue un peu l’estomac.
L’inconvénient : j’ai vraiment beauuuuuucoup de temps devant moi, je découvre qu’il pleut des cordes, et pendant 2h je vais me demander si j’y vais vraiment ou si je ne resterai pas sous la couette 🙈

10h, on décolle de l’hôtel, on est à 10min à pied du départ (ça c’était vraiment top). J’arrive sur place déjà trempée. J’enfile la combi, ça tient un peu chaud, mais pas suffisamment, il fait 8° ce matin-là 😳 L’organisation distribue des couvertures de survie et des boissons chaudes en attendant le départ. J’arrive tant bien que mal à trouver une couverture, j’en prends même une 2ᵉ pour mettre sur mes pieds tellement le sol est froid avec la pluie.

Natation – 1900m en lac

11h, le départ des pro est donné. 11h10, le départ des age group commence. Je me dirige vers les sas, mais c’est un peu la cohue, car tout le monde attendait abrité ou au chaud avant le départ donc je ne sais même pas dans quel sas de temps j’atterris. L’eau est à 18°, je ne me suis pas échauffée avant le départ de peur de prendre froid alors c’est la découverte : ouf l’eau me paraît si chaude quand on passe de 8° à 18°.

Le début de cette natation est un peu catastrophique, il y a beaucoup de monde, il y a du clapot sur l’eau, j’ai du mal à bien respirer et je fais souvent des pauses. Il me faudra quasiment la ligne droite de 900m avant de trouver mon rythme. Demi-tour, j’ai enfin trouvé la bonne technique pour avancer sans boire la tasse, je trace jusqu’à l’arrivée.

🔸 1900m – 43’12. Un peu déçue en découvrant le chrono, je repense au 38’ que j’avais fait à Marrakech, je voulais faire au moins pareil ou mieux, mais force est de constater que les conditions n’étaient pas aussi parfaites. C’est pas grave, j’ai survécu à cette première épreuve et c’est le principal, c’est parti pour la suite ! 💪🏼

Transition 1

Parce qu’avant d’attaquer la partie vélo, qui va être longue, revenons sur cette transition qui va durer plus de 13min, un record 😂 Je sors de l’eau, il ne pleut plus – oh miracle 🙏🏼 Bon je me dis que ça ne va être qu’éphémère, mais je me réjouis quand même. Je cours jusqu’à mon emplacement et forcément en arrivant je n’ai pas vraiment froid après l’effort. S’ensuit alors un long questionnement sur l’équipement que je vais prendre avec moi (du kway au legging polaire, j’ai absolument de tout dans mes sacs).

D’ailleurs revenons sur ces sacs, avec le covid, cette année les sacs n’étaient pas rangés sur des portants (qui auraient pu être à l’abri 🙄), non, on devait mettre les sacs sur notre emplacement vélo et se changer devant notre vélo. Il a donc fallu que je fasse un nœud assez ingénieux pour que mes affaires ne prennent pas l’eau pendant la nuit, mais qui puisse quand même se défaire facilement 🤔 J’avais aussi protégé ma selle et le cintre avec des sacs-poubelles qu’il a fallu enlever. Clairement je n’étais pas sur l’optimisation du chrono, mais plutôt du confort, et je ne regrette pas 😁 Après avoir observé un peu autour de moi comment les gens s’habillaient, et en fonction du ressenti de la température, j’opte pour l’équipement suivant :

– un maillot de cyclisme (ma trifonction étant sans manches, j’en rajoute avec le maillot et si jamais je veux enlever mon coupe-vent, je pourrai le glisser dans la poche arrière)
– des arm warmers pour me tenir au chaud
– une veste coupe-vent imperméable pour les intempéries
– un tour de cou
– des mitaines (j’avais aussi pris mes gants d’hiver mais ils seront moins pratiques pour ouvrir mes ravitos alors je prends le risque)

Finalement, je ne me mets pas mon legging, j’hésite vraiment, mais je me dis que ça me forcera à pédaler plus fort pour me réchauffer (et puis il faut trouver le bon équilibre entre la montée du col qui va bien me réchauffer, et la descente qui peut être glaciale). Avec le recul, je valide absolument tous ces choix, la tenue était parfaite 🚴🏻‍♀️👌🏼

Vélo – 90km dans la campagne autrichienne

Et c’est parti, la partie que je redoutais tant 🙀 Je pars sur les 20 premiers KM en mode TRANQUILLOOO, on ne force surtout pas, on garde du jus pour la suite. Puis vient le tournant sec à gauche, et c’est le début du col pour arriver en haut de Filzensattel. 13,7km – 650m D+ – pente moyenne 4,8%. La particularité de cette montée réside dans son irrégularité. Les 3 premiers KM sont entre 6 et 10%, les 7km suivants sont relativement plats voir descendants (-5%), et le meilleur pour la fin : 2km entre 13 et 15% 😭

J’ai bien géré les 10 premiers KM et je suis fière de cette première montée. Arrivent ensuite les 2 derniers KM : je suis sur le plus petit pignon, les jambes n’avancent presque plus, je tétanise… Ça a vraiment été un échec, mais j’ai posé le pied-à-terre et j’ai poussé le vélo sur les 1,5 derniers KM du col… Je croise le photographe qui était posté à 1km du sommet. Il braque l’objectif sur moi en train de marcher, puis me dit « naaa I won’t take that picture of you » en mode ça reste entre nous 😂 (pour l’anecdote sur mon passage je croise aussi 2 autres cyclistes pied à terre, cette montée c’était vraiment l’enfer.)

Ne pensez pas que la montée à pied est de tout repos, je n’avais jamais pris une pente raide avec mes chaussures de cyclisme, et bien je peux vous dire que ça brûle, mais brûle les mollets !!! Je perds pas mal de temps, mais ça y est je suis enfin au sommet 🙏🏼 et peux m’élancer sur la descente. Je suis crispée et j’attends les routes un peu plus droites pour prendre de la vitesse (d’ailleurs j’atteins un nouveau record de 50km/h 🚀) La suite, on ne l’avait pas reconnu en voiture; c’est la découverte et j’en prends plein les yeux. Les paysages et la campagne autrichienne sont vraiment splendides 🤩 Mais pas de tout repos, ça continue à être vallonné et j’ai les cuisses qui crient.

KM60, on revient dans le centre de Zell Am See, on passe au-dessus du lac et je vois ceux qui sont déjà sur la course à pied. De mon côté, je suis exténuée, entre la montée exigeante et la crispation de la descente, j’ai physiquement et moralement le sentiment d’avoir fait mes 90km. Mais non, je réalise qu’il me reste encore 30KM, AKA 1/3 DU PARCOURS ENCORE 😱

En plus on s’éloigne de l’autre côté de la ville, un côté beaucoup plus industriel, le paysage ne fait pas du tout rêver, il commence à pleuvoir, j’ai l’impression d’être bonne dernière, j’ai très mal à mon bras gauche, ma position sur le vélo est très inconfortable, je suis vraiment dans un passage down… KM75, on fait enfin demi-tour sur cette route interminable, l’occasion de voir qu’il y a encore du monde derrière. C’est bête, mais ça me redonne un peu de courage. KM80, on bifurque pour reprendre des routes de campagne, ouf, c’est de nouveau magnifique et je profite du paysage.

🔸 KM90, l’arrivée tant attendue après 4h02 d’effort et 1300m de D+ grimpés !
PS : oui j’en veux encore au site Ironman qui a classé cette course en « vallonné » et non « montagne ». J’ai du mal à savoir le D+ exact de cette course, car selon nos GPS, on a TOUS un résultat trèèèès différent, je peux juste dire que c’était bien plus que les 800m annoncés sur le site d’Ironman.

Course à pied – 21km le long du lac

Une T2 qui passe en 7min, la zone de transition est vraiment grande 😳 Moi qui suis capable de courir en teeshirt en plein hiver, je me surprends à garder mon maillot de cyclisme et les manchons pour me tenir au chaud. La fatigue doit être bien présente.

C’est parti pour 21,1km 😭 À cause de ma blessure au psoas, je n’ai quasiment pas couru depuis des mois et je sais que je ne vais pas prendre beaucoup de plaisir sur cette partie… (note à moi-même : la prochaine fois que je m’élance sur un half, je veux être préparée à courir un semi !!!) J’alterne course et marche. J’essaie de courir 2km, puis de faire une pause marche + ravito aux différents stands. Un verre d’eau (parfois du Red Bull) et des gâteaux apéro salés, c’est tout ce qui me fait envie.

Le parcours est vraiment beau, on passe un peu par la vieille ville, on longe le lac, on se prend quelques bonnes côtes et puis lors du demi-tour j’ai un angle différent et j’aperçois les montagnes enneigées au loin, c’est si beau !

Deuxième boucle, c’est de plus en plus dur. KM15 de la course à pied, je suis en train de piquer des gâteaux apéro à un stand quand une enfant bénévole me met un drapeau Ironman dans la main. Tellement adorable 🥰 Sur le coup, je ne capte pas vraiment ce qu’il se passe, j’arrive à peine à sortir un « dankeschön » et je me retrouve avec ce truc et encore 6 bornes à courir 😁 Je le glisse à l’arrière de ma trifonction et attends sagement la ligne d’arrivée pour le brandir fièrement.

Au 18ème KM, je me mets à marcher pour faire ma petite pause quand un participant Russe me double avec une tape sur l’épaule « keep running ». Okkkk c’est bon je me remets à courir… Il part un peu devant et se retourne régulièrement pour checker que je cours toujours 😂 Intérieurement je pense « mais laisse moi faire ce que je veux bon sang je suis en train de crever ». Au final on se met à discuter, je cours non-stop du 18 au 21km tout en papotant aisément, je me rends compte que j’en suis capable, j’aurais sûrement pu faire mieux mais toute seule j’ai du mal à trouver cette motivation… Merci Mikhail pour ces KM partagés 😃

🔸 21,1km – 2h49 (temps ex æquo avec mon premier half en 2018).

Selfie flou après 7h52 de course 🏅😌 Cette photo résumé plutôt bien la situation : je suis tellement crevée que je n’arrive même plus à ouvrir les yeux, mais je souris à pleines dents tellement je suis heureuse d’être arrivée à bout de cette course 🥵 Faire des ironman, des marathons, des ultratrails est assez banalisé sur les réseaux (et je suis la première à suivre ces comptes qui m’inspirent) mais pour moi la distance half Ironman est déjà mon Everest.

Même si c’était la 3ème fois que je m’élançais sur ce format, je le trouve toujours aussi impressionnant et rien n’est gagné par avance, surtout lorsqu’on rajoute du dénivelé (bon sûrement que les conditions du jour n’ont pas amélioré les choses 😁) Je trouve que participer à une course à l’étranger est toujours aussi magique, pour la découverte des paysages et de la culture. Je suis désormais experte en encouragements en allemand, j’ai pu m’imprégner des expressions locales tout au long de la journée entre “hop, hop, hop”, “bravo” et “super” (prononcé “zoupa”) Merci aux bénévoles et aux supporters qui ont mis l’ambiance du début à la fin !

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